Bord de plage à Bourcefranc-Le-Chapus

Habiter la plage en hiver

Loin de son humeur estivale qui la revêt à chaque saison chaude de son manteau de serviettes et de son parfum d’écran total, la plage a quelque chose de doux en hiver. Quelque chose de sauvage, comme une invitation à une attention plus disponible et qu’il conviendrait d’attribuer à son inaptitude en condition hivernale à se prêter au jeu des divertissements que l’on aborde en maillot de bain, quand l’air chaud nous déshydrate jusqu’à faire grincer notre cerveau diminué contre les parois d’un crâne assommé.

Profitons-en donc, de cette plage qui n’a pas pour seul attrait celui que l’on veut bien lui prêter lorsque l’on s’y allonge en ne pensant qu’à pas grand chose, attendant la fin des vacances. Et comme le froid ne nous permet pas de nous y poser comme l’on s’y pose en été, il s’agit d’être actif avec elle, de la rencontrer, de ne pas l’occuper mais de l’habiter. Et s’il est un temps idéal pour cette expérience, c’est bien celui de l’hiver. Celui du silence. Celui qui malaxe notre esprit et qui nous élève dans la durée, celui qui nous tanne jusqu’à ce que nous soyons fin-prêts à aborder la renaissance printanière. Abordons donc la plage et son horizon, son vent qui ne fait pas de manières, ses marées qui sculptent les bois et qui les déposent sur le rivage quand elles les ont bien travaillées. Sa faune secrète qui se dévoile si l’on a la patience méritante : ses lapins de garenne, ses oiseaux, mouettes, aigrettes, goélands, pluviers, bécasseaux et grands gravelots.
Ses forêts qui regorgent de grands animaux, cerfs, chevreuils et sangliers. Ses façades aussi, dans le paysage semi-urbain, souvenirs de la Belle Époque aux volets fermés sur les embruns. Ses présences humaines, pêcheurs de coquillages qui se plient en deux pour quelques couteaux et bulots, pêcheurs en surf-castings qui fouettent le vent de leurs cannes interminables, les coureurs en bonnets et joggings qui ajoutent aux empreintes des vagues sur le sable celles de leurs baskets salutaires. Les cavaliers qui les croisent et font vibrer la côte sauvage du galop de leurs chevaux.
Habiter la plage en hiver, un dimanche en famille. Y faire courir son chien. Habiter la plage en hiver, une journée de solitude pour rêver en silence. Habiter la plage en hiver, le soir quand la nuit tombe et se laisser orienter par le son du ressac. Habiter la plage en hiver, pour lui laisser de nous un meilleur souvenir.
Et revoir de vieilles cartes postales pour rencontrer la plage quand elle était plus jeune. Quand ses traits étaient ailleurs et ses choses pas à leur place.

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